Ma volonté est que mes dessins,mes estampes, mes bibelots, mes livres enfin les choses d'art qui ont fait le bonheur de ma vie, n'aient pas la froide tombe d'un musée, et le regard béte du passant indifférent, et je demande qu'elles soient toutes éparpillées sous les coups de marteaux du commissaire priseur et que la jouissance que m'a procurée l'acquisition de chacune d'elles, soit redonnée, pour chacune d'elles, à un héritier de mes goûts. EDMOND DE GONCOURT

Edmond et Jules

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Edmond de Goncourt par Nadar

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dimanche 23 décembre 2007

Correspondance inédite Henry Céard et Edmond de Goncourt

Henry Céard à Edmond de Goncourt
Paris, 5 novembre 1887.
Monsieur et cher Maître,
Je viens de lire et de relire le le Journal des Goncourt que vous avez bien voulu me faire adresser.
Je regrette que vous ayiez cru devoir y reproduire tous les passages dèja insérés dans vos préfaces, utilisés dans vos livres ou publiés dans Idées et Sensations. Le volume perd ainsi de sa fleur de nouveauté.
Ensuite, il me semble qu'il est trop systématiquement tenu à l'écart de ce qui se passe en dehors de votre littérature ou de vos relations personnelles. On y trouve point même l'indication de ce que fut le mouvement intellectuel et artistique de l'Empireoù Augier , pour n'en citer qu'un seul, tint cependant quelque place. Et qu'avez-vous fait de Courbet, de Berlioz et Wagner, lesquels ont précisément mené quelque bruit à l'époque où vous vous plaignez du silence ?
Maintenant, abstraction faite de ce que ces mémoires me paraissent contenirde trop et de ce qui me paraît leur manquer, ce qu'ils font voir d'inédit est intéressant et sera consulté avec curiosité. Si je ne crois pas que la légende d'esprit attribué à la table de Magny soit bien consolidée par les sténographies que vous donnez des pénibles outrances d'une conversation qui vous lassait vous-même, le portrait de plusieurs des causeurs, Sainte-Beuve surtout, restera vivant et inoubliable. Telles aussi les fugitives silhouette de Michelet, de la Princesse Mathilde, et la esquisse où vous montrez Flaubert à Croisset, exilé dans le travail et enfermé dans les paradoxes. En outre, l'historien futur de votre double individu littéraire trouvera de précieux documents sur l'intime de votre personnalité dans le récit de la mort de Rose, votre bonne; les notes prises lors de la représentation d'Henriette Maréchal , votre pièce ; et surtout dans ce dialogue autour de la table d'un finissant déjeuner, votre plus vraie confession.
Voilà mon avis, Monsieur et cher Maître. J'espère que la liberté de ma crique vous agréera autant que la sincérité de mon éloge ; et je vous prie de vouloir bien trouver ici, en même temps que mes remerciements pour vous être souvenu de moi, la nouvelle assurance de mes sentiments de littéraire respect.
Henry Céard.
10, rue du Trésor, Paris.
Courrier extrait du livre EDMOND DE GONCOURT et HENRY CEARD CORRESPONDANCE INEDITE (1876-1896) page 183 et 184 de 1965 Par Collins Burns

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