Ma volonté est que mes dessins,mes estampes, mes bibelots, mes livres enfin les choses d'art qui ont fait le bonheur de ma vie, n'aient pas la froide tombe d'un musée, et le regard béte du passant indifférent, et je demande qu'elles soient toutes éparpillées sous les coups de marteaux du commissaire priseur et que la jouissance que m'a procurée l'acquisition de chacune d'elles, soit redonnée, pour chacune d'elles, à un héritier de mes goûts. EDMOND DE GONCOURT

Edmond et Jules

Edmond et Jules

Edmond de Goncourt par Nadar

Edmond de Goncourt par Nadar

mardi 29 avril 2008

Timbre 1953

Ex-libris des Goncourt

Gavarni a dessiné celui des Goncourt figurant deux doigts d’une main allongés sur une feuille de papier où se trouvent les initiales E et J (unis comme les doigts de la main).



En 1953, les Postes de Monaco ont sorti 2 timbres

avec les célèbres doigts de l'Ex-libris des frères Goncourt sur un manuscrit du journal inédit des frères Goncourt.
http://www.timbroscope.com/collections/monaco/Collection_de_timbres_de_monaco_files/392_-__Journal_in_dit__des_fr_res_Goncourt_-_vert_-_5f__1953_-3682.html

et

http://www.timbroscope.com/collections/monaco/Collection_de_timbres_de_monaco_files/393_-__Journal_in_dit__des_fr_res_Goncourt_-_brun-rouge_-_15f__1953_-3683.html

dimanche 20 avril 2008

Recette de Cuisine


Cet extrait provient du journal des GONCOURS (page 50 à 51 Attention lire Goncours et non pas GONCOURT).
Je vous laisse donc libre choix pour la qualification "Apocryphe ou Galéjade".





Lundi 2 mars 1896


Le Dr Maurice Pillet qui a suivi, comme Léon, les cours du professeur Tillaux, à l'Hôtel-Dieu, rapporte qu'une nuit que M... sortait d'un cercle, il vit tomber, à ses pieds, du sommet d'une haute voiture, un charretier. Il le fit conduire à l'hôpital, mais le malheureux mourut en arrivant.

M.... pria l'interne, qui était de ses amis, de lui donner un morceau de chair de ce cadavre une fois l'autopsie faite. Le lendemain l'interne le contenta. M.... porta le morceau de chair à son valet de chambre et cuisinier François qui le fit mariner deux jours dans de l'huile d'olives, du madère et des aromates, et lui servit sous ce nom : Filet de charretier à la Horla.

Après s'être payé cette curiosité d'anthropophagie , M.... pouvait dire par expérience que la viande humaine est insipide au palais et qu'elle a une saveur de veau fade.



Par respect à cet excellent poète je n'ai mis que la première lettre de son nom



Cette recette culinaire d'un excellent cachet est à nouveau décrit le 22 mai 1896 mais d'une façon beaucoup criminelle (page 70 à 73) .

GONCOURS Apocryphe ou Galéjade



Avertissement




Le 21 août 1921, au lendemain du jour où le quotidien Bonsoir avait publié, à la cinquième colonne de sa première page, une note contenant ces simples mots : Bonsoir donnera très prochainement à ses lecteurs la primeur d’un curieux document qui a déjà fait couler beaucoup d’encre.


Chut ! Chut ! Chut ! Chut !


Le directeur du journal, M Jean Piot, recevait la lettre suivante qui, chose digne de remarque, était datée de l’avant-veille :

19 août 1921


Mon cher ami,

Bonsoir annonce ce soir la publication d’un document « qui a déjà fait couler beaucoup d’encre.» Tout le monde a compris qu’il s’agissait du journal inédit des frères Goncours. Un journal hebdomadaire s’est empressé de publier aussitôt de prétendus extraits de ce journal, en insinuant que, « fidèle à mon habitude, j’avais puisé à tour de bras dans ce manuscrit ».
C’est la vérité ; mais la vérité également est que tous les extraits publiés par votre hebdomadaire confrère, à l’exception de celui de « Pour Don Carlos », sont controuvés.
Seul, Bonsoir, à qui j’en ai réservé la communication est à même d’assurer la publication du document authentique. Je me charge de faire connaître à qui de droit et au moment voulu les circonstances qui m’ont mis en possession de ces papiers autographes.
Croyez, mon cher ami, etc.,


PIERRE BENOIT


M.Jean Piot faisait suivre cette lettre de quelques commentaires :
« Le jeune et déjà célèbre pilleur d’épaves- et qui s’en vante – avait bien voulu, en effet, me confier pour les lecteurs de Bonsoir le précieux manuscrit qu’il avait entre les mains – et je ne vous dirai pas plus que lui (d’abord par discrétion et ensuite parce que je ne le sais pas) comment il est parvenu.
- Mais ce texte, objectez vous septiques – est-il authentique ?
- Il ne peut y avoir de doute. S’il ne l’était pas, c’est donc que Pierre Benoit l’aurait écrit lui-même, que ce serait une œuvre originale de lui : hypothèse qu’aucun de ses ennemis ne saurait admettre. Et puis, tous ceux qui ont lu ce qu’on connaît déjà du journal retrouveront dans le manuscrit que nous allons publier toutes les qualités et tous les défauts, toutes les idées et toutes les manies, tout l’esprit en un mot du dernier des Goncours. Il y a des empreintes indélébiles et des marques auxquelles on se trompe point. »
Le 23 août et pendant huit jours, Bonsoir donnait des extraits choisis du texte que nous publions aujourd’hui in extenso et en l’accompagnant de différentes notes en bas de page qui l’authentifient de façon indiscutable.
Comment Pierre Benoit s’était-il procuré le véritable manuscrit du journal des Goncours ?
Il a avoué à M.Jean Piot, lequel a connu l’auteur du Lac Salé, en 1911, à l’Ecole normale et est pour ainsi dire l’unique confident de ses plus secrètes, disons même de ses plus rocambolesques pensées, - il a avoué qu’il avait réussi à mettre la main, à la bibliothèque, sur le véritable manuscrit du journal des goncours en y substituant un manuscrit apocryphe autour duquel un certain nombre de journaux, mal renseignés, ont mené grand bruit, croyant qu’il s’agissait du texte authentique.
Nous ne saurions mieux faire que de reproduire le sagace commentaire de M. Jean Piot, et d’en adopter les conclusions :
« Nous avons eu d’abord quelque scrupule, pensant qu’il s’agissait d’une galéjade du jeune et célèbre écrivain. Mais la lecture, le doute n’était plus permis. Quand le soi–disant texte authentique verra le jour – s’il le voit ! – on s’apercevra immédiatement qu’il est beaucoup moins digne que celui-ci d’un des auteurs de Germinie Lacerteux – que par conséquent celui que nous publions vaut bien mieux que l’autre et peut seul être le texte exact. »


LES EDITEURS


Cet ouvrage a été tiré à onze cents exemplaires tous numérotés (exemplaire N° 322)
Provenance JOURNAL DES GONCOURS MEMOIRES DE LA VIE LITTERAIRE PAR UN GROUPE D’INDISCRETS (Partie inédite) Année 1896 Editeurs LA RENAISSANCE DU LIVRE 78, Boulevard Saint-Michel PARIS ( pages 9 à 12)

samedi 19 avril 2008

Quelques Caricatures sur les Frères Goncourt


Caricature d'Edmond par Coll-Toc dans Les hommes d'aujourd'hui vers 1890









Les frères Goncourt caricaturés lors de la parution

de Manette Salomon










Caricature parue dans le Charivari du 21

juillet 1882










Première page du Grelot le 1 er juillet 1877 . La

légende précise: "Ou l'art de se faire 3000 livres de rente en démoralisant ses concitoyens".










Edmond et Jules( dans le médaillon). Caricature parue dans L'Eclipse du 21 mai 1876.












Edmond caricaturé par Nadar













Les deux frères caricaturés par Gill (détail 1867).













Les Goncourt caricaturés par Xavier Girard dans la Comète le 9 février 1868.












Ces caricatures proviennent toutes de la revue "Magazine Littéraire" de septembre 1989 N°269

Chronologie des Frères Goncourt par Robert Kopp sur le "Magazine Littéraire" de septembre 1989

Année 1851


Les frères Goncourt passent l’été à Louèches-les-Bains, en Valais, où ils travaillent à leur premier roman, En 18…C’est l’histoire d’un jeune dandy misogyne qui tombe amoureux à la fois d’une jeune Allemande et d’une petite juive d’Algérie. Découvrant que la première met ses charmes également au service de son métier d’espionne et que la seconde pose nue dans les ateliers de peinture, il se tourne exclusivement vers l’art, mais, n’arrivant pas à déchiffrer le sceau d’un cachet, se donne la mort. Première apparition d’un thème qui ne quittera plus les Goncourt : la femme qui porte malheur à l’artiste, à l’écrivain ou, simplement, à l’homme intelligent. L’ouvrage paraît début décembre et n’a aucun succès, car l’actualité est occupée par le coup d’Etat de Louis-Napoléon Bonaparte. C’est aussi le moment, où ils commencent à tenir leur Journal d’abord de façon épisodique et régulièrement à partir de 1855. Dès les premières pages, ils mettent en parallèle leurs malheurs personnels avec les malheurs de la France ; ce sera un trait constant du Journal, du début à la fin.

vendredi 18 avril 2008

Extrait de l'article "Les portraits des Goncourt" par Christian Galantaris sur le "Magazine Littéraire " de septembre 1989


Nadar a aussi photographié ses amis vers 1856. Ceux-ci avaient moins de raison que quiconque d'éprouver une gêne devant l'objectif et pourtant ils ont l'air bizarre. Assis côte à côte ils affichent une expression butée, sournoise et ennuyée comme s'ils venaient de subir une contrariété. pour un peu cette prise de vue justifierait les paroles de Jules Troubat heureusement démentie par d'autres: "Le plus jeune était impertinent, l'aîné présomptueux, et ils n'étaient amusants ni l'un ni l'autre". Nadar a encore donné une image d'Edmond dans la force de l'âge, et là, il a mis génialement en pratique sa théorie photographique: Intelligence morale du sujet, tact rapide qui vous met en communion avec le modèle et vous permet de donner non pas banalement et au hasard une indifférente reproduction plastique...mais la ressemblance la plus familière, la plus favorable, la ressemblance intime". Le modèle rigoureusement de face, une cigarette à la main gauche, le coude posé sur un in-folio du XVII ème siècle, scrute avec acuité l'opérateur. C'est le regard du grand témoin des moeurs de son siècle.

mardi 15 avril 2008

Le prix d'une bonne affaire avec les Goncourt

Le Prix des Goncourt

Un bazar étincelant. C’est en ces termes qu’en 1932 Marcel Sauvage résumait le fameux Journal d’Edmond et Jules de Goncourt. Il n’avait pas tout à fait tort, tant cette œuvre charrie, presque dans un seul et même mouvement, le meilleur et le pire, le sublime et le vulgaire, le plus lumineux et le plus abject. Les premiers à la découvrir auront été les lecteurs du Figaro illustré où elle a paru en feuilleton, à partir du mois de décembre 1885. Quant à l’édition originale en librairie, elle allait commencer à voir le jour en 1887, chez Charpentier à Paris, et se poursuivre jusqu’en 1895, sans avoir été menée à bien, à cause de la mort d’Edmond survenue en 1896, soit vingt-six ans après Jules. Cette édition qui comprend neuf volumes sera par la suite souvent rééditée, mais toujours de façon incomplète. Puis elle finira par ne plus être disponible.
La deuxième édition du Journal s’échelonne, elle, de 1956 à 1958. Cet ensemble réunit vingt deux volumes et il a été publié par l’Imprimerie Nationale de Monaco, à Cinq mille cinq cents exemplaires, en feuilles et sous étuis. Il convient toutefois de signaler que, pour former un tout cohérent aux yeux des bibliophiles, l’ensemble, présenté et annoté par Robert Ricatte, doit s’accompagner de trois volumes : Vie des Frères Goncourt d’André Billy. Au passage, on mentionnera ici que la même Imprimerie Nationale de Monaco a fait paraître, à la fin des années 40, une collection rassemblant tous les ouvrages ayant obtenu le prix Goncourt de puis 1903. et chacun des titres contient non seulement une biographie du lauréat mais, en outre, le compte-rendu de la séance de l’Académie au cours de laquelle le prix lui a été attribué. Ce qui permet de savoir qui a voté pour qui et quels ont été, une année après l’autre, les candidats malchanceux. On précisera encore que le Journal des Goncourt a été repris en 1960 en quatre volumes, chez Fasquelles-Flamarion.
Que valent en vente publique, ces diverses éditions ? A tout prendre, pas grand-chose. Celle de Charpentier peut tourner autour des 1500 francs, voire de 3000 si elle est présentée dans une belle reliure. Les deux autres atteignent à peu près le mêmes prix, et on ne peut pas ne pas s’en étonner, compte tenu de l’importance littéraire et historique de l’œuvre. Du reste, d’une manière générale, les divers ouvrages des frères Goncourt demeurent assez abordables, sauf lorsqu’ils sont très finement reliés ou quand ils sont rehaussés d’illustrations. Mais même dans ces cas là, ce n’est jamais la démesure. Un exemple parmi d’autres : en 1987, un superbe exemplaire de Renée Mauperin, paru chez Charpentier en 1884, a été cédé en vente publique pour 10 000 francs. Et pourtant il s’agissait du tirage de tête, enrichi de gravures en quatre états et d’un ex-libris de Gavarni, dans une reliure signée Marius Michel et marqué au chiffre d’Edmond de Goncourt ! Qui plus est, l’exemplaire contenait une note autographe de l’auteur.
« Pendant des années, c’est à peine si nos livres nous ont payé l’huile et le bois de nos nuits », ont écrit les Goncourt dans leur préface à Henriette maréchal. Aujourd’hui ces livres ne font pas vraiment la richesse des collectionneurs.




Jean-Baptiste Baronian

Provenance Magazine Littéraire de septembre 1989

vendredi 11 avril 2008

Chronologie des Frères Goncourt par Robert Kopp sur le "Magazine Littéraire" de septembre 1989

Année 1850


Le 10 janvier , Edmond et jules de Goncourt s'installent au 43 de la rue Saint Georges, dans une maison qu'ils ne quitteront qu'en 1868. Parmi leurs voisins ou voisines, Garcia, une prostituée, qui, lorsque le mauvais temps l'empêche de sortir, emprunte de l'argent à Rose , la bonne des Goncourt ; autre voisine: Anna Deslions, courtisane célèbre, aimée par Lauristan, Lambert-Thiboust et le prince Napoléon; elle a sans doute également été la maitresse de Jules. Ils s'adonnent à la peinture, à la gravure , à la littérature du XVIIIéme siècle . Alexandre Pouthier, peintre bohême et ami de jeunesse d'Edmond, les introduit dans l'ateleir du peintre animalier et paysagiste lithographe Amédie-Elie Servin, ainsi que chez le marchand de tableau peyrelongue.
Au cours du printemps, les Goncourt font un voyage en Suisse et en Belgique. En septembre, ils séjournent à Sainte-Adresse , près du Havre. c'est là que Jules découvre qu'il a contracté la syphilis :" Je me rappelle combien cette ville m'a été triste et sinistre, quand j'y arrivais en 1850, dévoré du mal d'être inconnu, me cherchant douloureusement une voie et un nom et me découvrant du même coup la vérole et la chaude-pisse . Je me rappelle cette rue de l'Hôpital, où j'allais voir ce petit médecin d'émigrants, de chez qui je sortais en me regardant les yeux et les lèvres pour y découvrir des chancres"( Journal , 2 août 1864).


Année 1870
Janvier : Jules, qui avait tenu le Journal des deux frères depuis 1851, ne peut plus se servir de sa plume. Edmond prend la relève et décrit, jour après jour, la déchéance physique et morale de son frère, qui meurt de paralysie générale le 20 juin. Cette mort détruit un couple unique en littérature et Edmond pense d'abord renoncer à la poursuite de l'oeuvre commune. Il reprend pourtant et le Journal et les oeuvres historiques et romanesques. Mais tous ses textes sont hantés par le souvenir du frère mort. Leur gémellité sera encore le sujet des Frères Zemganno, livre de réminiscence et de poésie , portrait des deux frères en costume de saltimbanque : " C'est ainsi que deux êtres en étaient arrivés à n'avoir à eux deux - fait presque unique dans les amitiés humaines - à n'avoir plus qu'un amour propre, qu'une vanité, qu'un orgueil qu'on blessait ou qu'on caressait à la fois chez tous les deux."

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